L’homme qui refuse de se taire : portrait de Jean-Paul Lefebvre

Quarante ans de vigilance. Assesseur au Conseil d’État. Président de l’Association nationale des Élus Locaux d’Opposition. Et pourtant, ce soir du 2 octobre 2025, on lui reproche publiquement… d’avoir trop utilisé la justice. Jean-Paul Lefebvre incarne ce paradoxe français : plus vous avez l’expertise et la légitimité pour contrôler le pouvoir, plus ce contrôle dérange. Entre des chantiers fantômes avec quatre ouvriers, des voyages au Japon justifiés par « la paix et l’héritage olympique », et des attaques contre un opposant coupable d’exercer ses droits constitutionnels, plongée dans le quotidien d’un élu qui, depuis 1983, refuse de se taire. Portrait d’un homme qui dérange tellement qu’on tente de faire d’un droit fondamental un crime politique.

PARTIE 1 : Quarante ans de vigilance républicaine


Dans les conseils municipaux comme dans la vie, il existe deux types d’opposants. Ceux qui s’opposent par principe, et ceux qui s’opposent par conviction. Jean-Paul Lefebvre appartient à cette seconde catégorie, celle des hommes qui posent des questions non pas pour embarrasser, mais parce qu’ils estiment que quelqu’un doit les poser.

La mémoire politique de Noisy-le-Sec

L’automne 2025 déposait ses premières feuilles sur les trottoirs de Noisy-le-Sec, et dans la salle des mariages de l’hôtel de ville, un homme s’apprêtait à faire ce qu’il fait depuis plus de quarante ans : interroger le pouvoir sur ses choix, ses priorités, ses promesses tenues ou non.

Jean-Paul Lefebvre n’est pas un opposant de circonstance. C’est un pilier du paysage politique noiséen, conseiller municipal depuis 1983 – une longévité qui témoigne d’une légitimité démocratique qui survit aux modes, aux alliances, aux changements de majorité.

Car voyez-vous, quarante ans de présence dans une assemblée municipale ne s’obtiennent pas par hasard. C’est presque deux générations. C’est avoir vu grandir les enfants qu’on a vus naître. C’est avoir accompagné les transformations d’une ville, pour le meilleur et parfois pour le pire.

Un parcours qui impose le respect

Contrairement à ces élus parachutés qui découvrent leur commune au moment des élections, Jean-Paul Lefebvre est un Noiséen. Un vrai. De ceux qui connaissent chaque rue, chaque quartier, chaque dossier.

Juriste de formation, diplômé de l’Université Paris Nord – Paris 13, il maîtrise suffisamment le cadre juridique pour repérer les failles, les incohérences, les illégalités potentielles. Cette expertise n’est pas théorique : adjoint au maire entre 2008 et 2010, il connaît les contraintes de l’exécutif, les arbitrages budgétaires, les compromis nécessaires.


Cette expérience aurait pu en faire un opposant amer. Au contraire, elle en a fait un opposant éclairé, capable de distinguer les vraies difficultés des fausses excuses.

Nos choix sont des miroirs qui reflètent non pas ce que nous sommes, mais ce que nous pourrions devenir. Et le choix de Jean-Paul Lefebvre, après avoir quitté l’exécutif, a été de s’investir pleinement dans la défense des intérêts de la minorité – pas par dépit, mais par conviction que le contrôle démocratique est aussi essentiel que l’action exécutive.

Une légitimité nationale

Mais Jean-Paul Lefebvre n’est pas qu’un élu local. C’est une figure de la gauche républicaine en Seine-Saint-Denis, dont l’expertise est reconnue bien au-delà des frontières de Noisy-le-Sec.

Depuis 2023, il préside l’AELO (Association nationale des Élus Locaux d’Opposition), formant les élus d’opposition de toute la France à exercer leurs prérogatives démocratiques. Il partage son expérience de quarante ans, ses méthodes, ses succès et ses échecs, incarnant cette conviction que l’opposition n’est pas un accident démocratique à tolérer, mais un rouage essentiel à faire fonctionner.

Depuis 2022, il assume également le rôle d’assesseur au Conseil d’État, à la Cour nationale du droit d’asile – une fonction qui illustre son expertise juridique de très haut niveau.

Car voyez-vous, quand un assesseur au Conseil d’État saisit le tribunal administratif, ce n’est probablement pas par méconnaissance du droit, mais précisément par connaissance approfondie de celui-ci.

L’Élu de proximité

Son parcours professionnel ajoute encore à sa crédibilité. Cadre dirigeant chez Malakoff Humanis, il connaît parfaitement le tissu associatif et institutionnel de la région Île-de-France, ainsi que les enjeux de solidarité et de protection sociale.

Mais au-delà des titres prestigieux, Jean-Paul Lefebvre reste ce qu’il a toujours été : un élu de proximité. Tous les vendredis, de 16h à 18h, il reçoit les habitants dans une permanence ouverte à tous.

Car dans les banlieues résidentielles, la démocratie locale ne se joue pas seulement dans les hémicycles. Elle se joue aussi dans ces permanences où un élu écoute, note, promet de relayer. Où une mère de famille vient expliquer que le chantier rue Jean Jaurès l’empêche d’accéder à son commerce. Où un commerçant se plaint de voir quatre ouvriers immobiles sur un chantier censé être prioritaire.

Ces permanences hebdomadaires sont le fondement même de sa légitimité. Quand il pose une question orale, ce n’est pas une question théorique : c’est la synthèse de dizaines de témoignages recueillis vendredi après vendredi.


PARTIE 2 : Du Japon fantôme au tramway immobile


La vérité n’est jamais absolue, mais relative à notre perspective. Elle se love dans les interstices de nos certitudes. Et la perspective de Jean-Paul Lefebvre, nourrie par quarante ans de pratique, lui permet de repérer ces interstices où se nichent les irrégularités et les incohérences.

Juillet 2025 : L’affaire du voyage japonais

Pour comprendre la méthode Lefebvre, il faut revenir au conseil municipal du 3 juillet 2025. Une délibération apparemment anodine était soumise au vote : autoriser le maire à partir au Japon pour huit jours début août.

Face aux interrogations sur l’intérêt communal d’un tel déplacement – cette condition sine qua non sans laquelle toute délibération peut être contestée devant le tribunal administratif – le maire avait déployé une argumentation créative.

Il avait déclaré que ce voyage se faisait « au nom de la paix », tentant d’établir un lien avec l’héritage des Jeux Olympiques tenus l’année précédente à Paris. Une connexion aussi floue qu’improbable entre des JO français et une mission personnelle au pays du Soleil Levant.

Dans les assemblées délibératives, certaines justifications en disent plus long par leur complexité que par leur clarté.


L’ironie comme arme politique

C’est à ce moment que Jean-Paul Lefebvre démontra tout son art. Avec cette ironie mordante forgée par quarante ans de conseils municipaux, il déclara simplement :

« Des maires en faveur de la guerre, moi je n’en connais pas. »

Une phrase apparemment anodine, mais en réalité dévastatrice. Elle soulignait avec élégance l’absurdité de l’argumentaire : invoquer la paix pour justifier un voyage au Japon, c’était techniquement défendable, mais fondamentalement spécieux.

Car l’ironie, quand elle est bien maniée par un homme qui a vu défiler quarante ans de justifications municipales, est une arme redoutable. Elle révèle en douceur les contradictions que chacun perçoit sans oser les nommer.

Cette intervention résumait le personnage : capable de désamorcer les justifications les plus élaborées par une simple phrase, sans agressivité mais sans complaisance.

Octobre 2025 : Le scandale du tramway fantôme

Trois mois plus tard, le 2 octobre 2025, Jean-Paul Lefebvre abordait un sujet autrement plus concret : les travaux du T1, ce tramway qui devait transformer la mobilité locale.

Les faits étaient implacables, visibles par tous, remontés à Jean-Paul Lefebvre vendredi après vendredi par les habitants excédés :

  • Depuis avril 2025, les travaux stagnaient
  • Rue Jean Jaurès et rue Anatole France, le spectacle était désolant
  • Quatre ouvriers seulement sur un chantier censé être prioritaire
  • Du matériel en quantité dérisoire
  • Des habitants prisonniers de leur rue

Dans les banlieues résidentielles, les grands projets promettent le progrès et livrent d’abord la nuisance. Mais quand même la nuisance ne progresse pas, quand le chantier devient permanent sans rien produire, la patience se transforme en colère légitime.

La question qui tue

Jean-Paul Lefebvre avait préparé sa question avec le soin méticuleux d’un juriste qui a passé quarante ans à formuler des interrogations auxquelles il est difficile d’échapper :

Quels moyens et quelles interventions comptez-vous déployer auprès du Conseil départemental – en charge des travaux – afin que les moyens nécessaires soient enfin mis en œuvre et que des délais sérieux soient annoncés aux Noiséens ?

Une question simple en apparence, mais qui contenait plusieurs niveaux de lecture :

Le rappel de responsabilité : Les Noiséens ne font pas de distinction administrative. Pour eux, leurs élus sont comptables de ce qui se passe sur leur territoire.

Le paradoxe révélé : Une adjointe au maire est vice-présidente du Conseil départemental. La municipalité dispose donc d’un accès privilégié à l’institution responsable des travaux.

Dans les arcanes du pouvoir local, les positions stratégiques sont censées faciliter les relations interinstitutionnelles. Mais que se passe-t-il quand ces positions ne se traduisent par aucun résultat visible ?

L’exigence d’engagement : Jean-Paul Lefebvre le formulait sans détour : « Nous devrions donc avoir un engagement permanent de sa part. Ce n’est pas le cas. »

Une phrase courte, factuelle, dévastatrice – avec l’autorité de quelqu’un qui a lui-même été adjoint au maire et qui sait exactement ce qu’on peut faire dans cette position.

« La réponse n’est pas satisfaisante »

Nos espoirs sont des architectes invisibles qui reconstruisent constamment l’édifice de notre identité. Mais que se passe-t-il quand ces espoirs se heurtent systématiquement aux mêmes murs de langue de bois ?

Jean-Paul Lefebvre conclut son compte-rendu par une phrase lapidaire : « La réponse n’est pas satisfaisante. »

Six mots qui résumaient quarante ans d’expérience dans l’art de poser les bonnes questions, et une réponse qui n’apportait aucune solution concrète aux Noiséens.

Car dans les conseils municipaux comme dans la vie, l’art de la réponse insatisfaisante est un classique. On répond sans répondre, on parle sans rien dire, on promet sans s’engager. Et face à cela, il faut des Jean-Paul Lefebvre pour constater, simplement, que cela ne suffit pas.


PARTIE 3 : Quand exercer ses droits devient un crime


Dans certaines municipalités, il existe une ligne rouge invisible que les opposants ne doivent jamais franchir. Non pas celle de l’insulte ou de la violence, mais celle, bien plus dangereuse aux yeux du pouvoir, du contrôle juridictionnel.

L’attaque : 120 recours, 81 000 euros

Ce soir du 2 octobre 2025 allait révéler quelque chose de plus sombre, de plus préoccupant pour la démocratie locale. Olivier Sarrabeyrouse allait publiquement reprocher à Jean-Paul Lefebvre d’avoir eu recours à la justice.

À un homme qui est assesseur au Conseil d’État, qui préside l’Association nationale des Élus Locaux d’Opposition, qui siège depuis quarante ans. À un juriste diplômé qui connaît le droit administratif mieux que beaucoup d’élus.

Les chiffres étaient énoncés comme des chefs d’accusation :

  • 120 recours devant le tribunal administratif
  • 81 000 euros d’honoraires d’avocats
  • 74 rejets de ces recours

Dans la bouche d’Olivier Sarrabeyrouse, ces chiffres devenaient une arme pour discréditer un opposant non pas sur le fond de ses arguments, mais sur l’exercice même de ses droits constitutionnels.

L’ironie était cruelle : reprocher à un assesseur au Conseil d’État d’avoir saisi trop souvent le tribunal administratif, c’est comme reprocher à un médecin de prescrire trop d’examens ou à un pompier d’utiliser trop souvent sa lance à incendie.

Dans les démocraties locales, le pouvoir révèle parfois sa vraie nature non par ses actions, mais par ce qu’il reproche à ses adversaires. Et quand on reproche à un juriste de haut niveau d’avoir fait appel à la justice, c’est que la justice elle-même est perçue comme une menace.

La déconstruction des accusations

Face à ces attaques, une mise au point s’imposait. Reprocher à un citoyen d’avoir fait appel à la justice est profondément choquant dans une démocratie.

Cette phrase touche au cœur de ce qui sépare une démocratie véritable d’une démocratie de façade. Le recours au tribunal administratif est un droit absolu, garanti par notre Constitution. Pas un privilège, pas une faveur. Un droit. Fondamental. Inaliénable.

Et quand ce droit est exercé par un assesseur au Conseil d’État qui préside l’AELO et siège depuis quarante ans, il ne s’agit plus d’un citoyen lambda, mais d’un expert qui sait exactement ce qu’il fait.

Reprenons méthodiquement les accusations :

« 120 recours, c’est excessif ! »

Pour un conseiller municipal lambda, peut-être. Pour un assesseur au Conseil d’État qui préside l’Association nationale des Élus Locaux d’Opposition ? Non. C’est de la vigilance systématique exercée par quelqu’un qui a la légitimité, la compétence et l’expérience pour le faire.

Chaque recours correspond à une décision que Jean-Paul Lefebvre, juriste diplômé avec quarante ans de pratique, estime illégale ou irrégulière. Quand c’est un assesseur au Conseil d’État qui saisit le tribunal, peut-être faudrait-il s’interroger sur la qualité des décisions contestées.

Et M. Sarrabeyrouse oublie de mentionner les recours qui ont abouti et permis de corriger des irrégularités. Parmi ces 120 recours portés par un expert du droit administratif, combien ont révélé de véritables illégalités ? Sur ce point, le silence est éloquent.




« 81 000 euros d’honoraires d’avocats ! »

Analysons cette accusation avec lucidité. Ces 81 000 euros sont les honoraires d’avocats que la mairie a choisi d’engager pour se défendre.

Face à un assesseur au Conseil d’État, la municipalité a estimé ne pas pouvoir se défendre avec ses propres moyens. Ce choix révèle le niveau de menace perçu.

Si les décisions contestées étaient légales et bien motivées, ces frais n’existeraient pas. Qui en est vraiment responsable ? Celui qui exerce son droit avec l’expertise d’un assesseur au Conseil d’État, ou celui qui prend des décisions suffisamment contestables pour nécessiter 81 000 euros de défense face à ce niveau d’expertise ?

« 74 rejets prouvent qu’il a tort ! »

Cette logique appliquée à un assesseur au Conseil d’État est particulièrement savoureuse. 74 rejets ne disqualifient en rien la légitimité d’une démarche, surtout quand elle émane de quelqu’un de ce niveau.

Dans le contentieux administratif, même les meilleurs juristes ne gagnent pas tous leurs recours. Ce qui compte, c’est la qualité de l’argumentation, la rigueur de la procédure, et les quelques victoires qui, parfois, changent tout.

Tout citoyen a le droit de saisir la justice s’il estime avoir des arguments valables. Seul le juge est habilité à en juger. Et quand ce citoyen est assesseur au Conseil d’État, président de l’AELO, conseiller municipal depuis quarante ans, il a probablement quelques bonnes raisons de penser que ses arguments méritent l’attention du juge.

La tentative d’intimidation

Chercher à intimider un opposant politique parce qu’il exerce ses droits démocratiques est une dérive dangereuse.

Mais chercher à intimider un assesseur au Conseil d’État qui préside l’Association nationale des Élus Locaux d’Opposition relève soit de l’inconscience, soit d’une volonté délibérée de disqualifier tout contrôle juridictionnel.

Le message implicite est limpide : « Tu devrais avoir honte d’avoir saisi la justice 120 fois. Tu coûtes cher à la commune. Tu devrais te taire. »

Sauf que Jean-Paul Lefebvre n’est pas n’importe qui. C’est quelqu’un dont l’expertise juridique est reconnue au plus haut niveau de l’État, quelqu’un qui forme les autres élus d’opposition, quelqu’un dont la légitimité s’étend sur quarante ans.

Dans l’immensité de l’existence, nos secrets sont comme des îles minuscules. Mais le secret que certains élus voudraient garder caché – celui de l’illégalité potentielle de certaines décisions – ne devrait jamais être protégé par l’intimidation, surtout quand le « révélateur » a la stature d’un assesseur au Conseil d’État.

La question fondamentale

Veut-on vraiment une municipalité où personne n’ose plus contrôler la légalité des actes ?

Que se passerait-il si, intimidé, Jean-Paul Lefebvre cessait ses recours ? Si un assesseur au Conseil d’État, un président de l’AELO, un conseiller municipal de quarante ans d’expérience renonçait à saisir la justice ?

La réponse est simple : la municipalité pourrait prendre des décisions illégales en toute impunité.

Car c’est précisément le but recherché. Non pas améliorer la légalité des actes, mais dissuader ceux qui la contrôlent – même quand ces contrôleurs ont les compétences les plus élevées du système juridictionnel français.

Le contrôle juridictionnel : garantie démocratique

Le contrôle juridictionnel n’est pas un coût : c’est une garantie de transparence et de démocratie locale.

Les 81 000 euros ne sont pas le coût des recours de Jean-Paul Lefebvre, mais :

  1. Le coût d’une défense face à un expert de haut niveau – Face à un assesseur au Conseil d’État, la municipalité a estimé devoir engager des cabinets privés
  2. Le coût de décisions contestables – Si 120 recours déposés par un juriste de ce calibre ont été nécessaires, c’est révélateur
  3. Le prix de la démocratie – Avoir un assesseur au Conseil d’État qui contrôle la légalité des actes est un investissement, pas une dépense

Car dans les banlieues résidentielles comme dans les grandes villes, le véritable scandale n’est jamais qu’un assesseur au Conseil d’État exerce ses droits, mais que des élus le lui reprochent.


PARTIE 4 : Le courage de la constance


La politique locale est un théâtre où beaucoup jouent leur rôle avec conviction. Mais les véritables acteurs du changement ne sont pas toujours ceux qui tiennent le premier rôle. Ce sont souvent ceux qui, dans l’ombre, veillent à ce que le texte soit respecté.

Le contraste révélateur

Il existe une ironie cruelle dans le parallèle entre les deux conseils municipaux, celui de juillet et celui d’octobre.

En juillet, on votait des autorisations de voyage au Japon. On invoquait la paix et l’héritage olympique. Jean-Paul Lefebvre y répondait par l’ironie : « Des maires en faveur de la guerre, moi je n’en connais pas. »

En octobre, on parlait de trous dans les rues, de quatre ouvriers, de Noiséens prisonniers de chantiers fantômes. Jean-Paul Lefebvre y répondait par l’exigence : quels moyens ? Quelles interventions ? Quels délais ?

Et Olivier Sarrabeyrouse répondait par l’attaque : 120 recours, 81 000 euros.

À un assesseur au Conseil d’État. À un président de l’AELO. À un conseiller municipal depuis quarante ans.

Car voyez-vous, c’est tout le paradoxe de certaines municipalités. Elles excellent dans l’art de justifier ce qui n’existe pas (voyages hypothétiques, missions diplomatiques symboliques), mais elles attaquent ceux qui contrôlent ce qui existe vraiment – même quand ces contrôleurs ont l’expertise la plus élevée du système juridictionnel français.

Les Leçons d’une opposition constructive

Jean-Paul Lefebvre incarne cette gauche républicaine qui place l’intérêt général au-dessus des considérations partisanes. Une gauche qui :

Privilégie le concret sur le symbolique – Plutôt que les grands discours sur la paix mondiale, elle s’occupe des trous dans les rues et du quotidien des habitants.

Exige la cohérence – Si une adjointe est vice-présidente du Conseil départemental, cela doit servir à quelque chose.

Utilise l’ironie comme révélateur – Sans agressivité mais sans complaisance, avec la distance que seule une longue pratique permet.

Défend l’État de droit sans faillir – Face à ceux qui voudraient intimider, Jean-Paul Lefebvre continue d’exercer ses droits constitutionnels. Sans honte. Sans regret.

Dans les assemblées locales, cette rigueur méthodique est plus dérangeante que toutes les provocations. Elle ne permet aucune esquive, aucun flou. Elle force le pouvoir à se positionner clairement.

Ce que les Noiséens doivent retenir

Au-delà des joutes politiques, il y a une leçon essentielle pour les citoyens :

Vous avez la chance d’avoir un élu qui vous représente depuis quarante ans, qui a l’expertise d’un assesseur au Conseil d’État, qui préside l’Association nationale des Élus Locaux d’Opposition, et qui travaille pour vous même quand ce travail lui vaut des attaques.

Jean-Paul Lefebvre vous reçoit tous les vendredis de 16h à 18h pour écouter vos problèmes. Il lit les dossiers avec l’œil expert d’un juriste diplômé. Il compte les ouvriers sur les chantiers. Il pose des questions précises avec l’autorité de quarante ans d’expérience. Il saisit la justice quand nécessaire – avec l’expertise d’un assesseur au Conseil d’État.


Les 120 recours ne sont pas 120 acharnements, mais 120 décisions municipales qu’un assesseur au Conseil d’État a estimé suffisamment contestables pour justifier un contrôle juridictionnel.

Dans une démocratie locale fonctionnelle, avoir un élu de ce calibre qui consacre son temps et ses compétences à contrôler l’action municipale devrait être célébré, pas attaqué. Car sans ces veilleurs exceptionnels, que resterait-il du contrôle démocratique ?

Le veilleur persiste

La séance du 2 octobre s’est achevée, mais Jean-Paul Lefebvre reviendra. Au prochain conseil, puis au suivant. Comme il l’a fait depuis 1983.

Il posera à nouveau des questions sur les travaux. Il demandera où en sont les délais. Et si les réponses ne sont toujours pas satisfaisantes, il le dira. Comme seul peut le faire quelqu’un qui a quarante ans de pratique.

Et si une décision lui semble illégale, il saisira le tribunal administratif. Pour la 121ème fois s’il le faut. Parce que c’est son droit. Parce qu’il est assesseur au Conseil d’État et qu’il sait exactement ce qu’il fait.

Car dans les démocraties locales, le rôle de l’opposition est de questionner, de contrôler, d’exiger, de persister. Et de ne jamais se laisser intimider – surtout quand on a la légitimité, l’expertise et l’expérience pour le faire au plus haut niveau.

Conclusion : Un modèle de dévouement local

Et quelque part, dans les rues défoncées de Noisy-le-Sec, entre la rue Jean Jaurès et la rue Anatole France, les quatre ouvriers continuaient leur travail au ralenti, sans savoir qu’un homme s’était battu pour eux. Un homme qui, depuis quarante ans, malgré les attaques, continuait de faire son travail.

Jean-Paul Lefebvre incarne une vertu politique devenue rare : la constance sur le long terme face à l’adversité.

Quarante ans. Quatre décennies de vigilance républicaine. De questions posées. De dossiers lus. D’habitants reçus tous les vendredis. De recours déposés quand nécessaire. D’expertise juridique mise au service du contrôle démocratique.

De son ironie forgée par des décennies d’observation à son exigence nourrie par son expérience d’ancien adjoint, en passant par ses 120 recours portés par l’expertise d’un assesseur au Conseil d’État, il trace une ligne claire : la politique locale doit servir les habitants, pas les ambitions des élus. Et la légalité n’est pas négociable, même si son contrôle dérange.

Face à ceux qui dénoncent ses 120 recours comme un crime, Jean-Paul Lefebvre oppose une évidence républicaine : le recours au tribunal administratif est un droit constitutionnel, pas une faute morale. Et quand ce droit est exercé par quelqu’un de son niveau d’expertise, c’est une garantie démocratique, pas un coût.

Car au fond, l’histoire de Jean-Paul Lefebvre est celle de tous les opposants de bonne foi dans toutes les communes de France. Ces hommes et ces femmes qui continuent de croire que la démocratie locale n’est pas un vain mot, que les élus doivent rendre des comptes, et que la justice administrative est un contre-pouvoir essentiel.

Même quand les réponses ne sont pas satisfaisantes.

Même quand le pouvoir tente de les intimider.

Même quand on reproche à un assesseur au Conseil d’État de coûter cher en exerçant ses droits.

Surtout quand on reproche à un assesseur au Conseil d’État de coûter cher en exerçant ses droits.


À méditer :

Dans votre commune, qui pose les questions qui dérangent depuis quarante ans ? Qui a l’expertise d’un assesseur au Conseil d’État ? Qui préside une association nationale d’élus ? Qui vous reçoit tous les vendredis pour écouter vos problèmes ? Et surtout : qui a le courage de continuer malgré les attaques ?

Car comme l’a prouvé Jean-Paul Lefebvre, l’ironie peut désamorcer les justifications absurdes, la constance peut transformer les réponses insatisfaisantes en actions concrètes, et le refus de l’intimidation est le dernier rempart contre l’arbitraire du pouvoir local.

Les travaux du T1 avancent-ils depuis le 2 octobre ? Les Noiséens attendent toujours. Une vraie réponse. Pas une réponse insatisfaisante.

Et Jean-Paul Lefebvre continuera de poser la question. Comme il le fait depuis 1983. Au besoin, devant le tribunal administratif. Pour la 121ème fois. Parce que c’est son droit. Et que dans une démocratie, exercer ses droits avec l’expertise la plus élevée n’est jamais un crime.