Quand le Maire et ses élus s’attribuent les lauriers du travail d’autrui

Ce dimanche 6 avril 2025, alors que le printemps déployait timidement ses premiers rayons sur la commune de Noisy-le-Sec, un événement attendu par nombre de Noiséens se concrétisait enfin : l’inauguration du marché aux comestibles de la Boissière.Cette réalisation, saluée unanimement pour sa contribution à la vie du quartier, aurait pu constituer un moment d’unité civique. Elle s’est pourtant muée, par le truchement des réseaux sociaux, en un révélateur des pratiques de communication de notre édilité municipale, où la célébration précipitée le dispute à l’occultation des contributions antérieures.
Retour sur une inauguration où l’art subtil de l’appropriation politique s’est déployé avec une maestria consommée, au détriment peut-être de cette vertu cardinale qu’est la reconnaissance des mérites d’autrui..

En ce dimanche printanier, tandis que notre premier édile savourait vraisemblablement sa libation dominicale avec la satisfaction caractéristique du devoir que l’on s’attribue, les échos du succès inaugural du marché aux comestibles de la Boissière parvenaient jusqu’à lui – tel un miracle administratif dont la paternité devait, naturellement, être revendiquée avec la plus grande célérité.

« Le talent politique suprême consiste à être capable de s’attribuer les idées d’autrui. » – Raymond Aron

La comptabilité créative d’une communication politique

Cette nouvelle manifestation d’auto-congratulation n’est pas sans rappeler les pratiques comptables de notre municipalité, récemment mises en lumière dans nos colonnes. Nous y avions exposé comment les prétendues « ressources propres » intégraient subrepticement dotations aux amortissements (2,35 millions d’euros) et provisions (925 000 euros) – mécanismes qui, loin de refléter une santé financière robuste, masquent une dépendance inquiétante aux réserves et à des prévisions futures incertaines pour équilibrer le budget communal.

La rhétorique municipale semble désormais appliquer à la politique ce qu’elle pratique en matière financière : une présentation embellie de la réalité, où ce qui appartient à d’autres est comptabilisé dans l’actif de son propre bilan.

Ce projet est né de notre démarcher de démocratie impliquante, après un long travail de co-construction de projet. « Ce projet est né de notre démarcher de démocratie impliquante, après un long travail de co-construction de projet. » disent-ils

La généalogie contestée d’un projet municipal

C’est ainsi que notre Maire, Monsieur Olivier Sarrabeyrouse, armé de son téléphone et d’une dextérité numérique désormais coutumière, s’est empressé de proclamer urbi et orbi via le réseau social au logo céruléen la naissance de cette merveille commerciale dominicale.

Le verbe municipal, perpétuellement enclin à l’autocélébration, s’est drapé des oripeaux de la « démocratie impliquante » – concept aussi nébuleux qu’opportun – pour présenter cette réalisation comme le fruit d’une gestation collective de deux années. « Ce projet est né de notre démarche de démocratie impliquante, après un long travail de co-construction de projet », affirme-t-il avec une assurance déconcertante.

Quelle ne fut pas la surprise de lire, en contrepoint de cette narration officielle, la rectification factuelle d’un citoyen vigilant. Monsieur Oumar Traoré a eu l’outrecuidance de rappeler que ledit projet datait en réalité de 2017, soit bien avant l’émergence miraculeuse dans un conseil de quartier que notre Maire évoquait avec tant d’assurance.

Si l’on doit reconnaître à Monsieur Sarrabeyrouse le mérite d’avoir « accéléré les choses » – pour reprendre les termes mesurés de Monsieur Traoré – il conviendrait également d’admettre que la genèse du projet précède significativement sa mandature.

L’honnêteté intellectuelle, cette vertu cardinale dont la rareté n’a d’égale que la valeur, commanderait de reconnaître les initiatives antérieures, quand bien même elles seraient le fait de prédécesseurs ou d’opposants.

Zakaria Benhamra El Akhfach Zakaria Benhamra El Akhfach

L’art délicat de la disqualification préventive

Plus préoccupant encore est ce passage sibyllin glissé dans la communication municipale, où sont évoqués « les éternels râleurs et râleuses des réseaux sociaux ». Cette incise révèle une stratégie rhétorique pour le moins singulière : la disqualification préventive de toute critique.

Procédé qui consiste, en droit comme en politique, à récuser par anticipation les arguments de la partie adverse, non sur leur substance, mais sur la qualité supposée de leur émetteur. Cette tactique, que Maître Vergès n’aurait pas désavouée, présente l’avantage considérable de transformer toute objection ultérieure en confirmation de la prémisse initiale.

Ainsi, quiconque oserait questionner l’efficacité du dispositif commercial, la pertinence de son emplacement ou ses modalités d’exploitation se verrait ipso facto catalogué parmi les « râleurs », catégorie dont l’appellation même discrédite le propos avant même qu’il ne soit exprimé.

Ce projet est né de notre démarcher de démocratie impliquante, après un long travail de co-construction de projet.

Inauguration marché des comestibles à la Boissière : la grande parade des élus

La chorégraphie sémantique des élus

Il est frappant de constater la cohérence terminologique entre les propos du maire et ceux du « tumultueux et ténébreux Président de la commission aux marchés des comestibles ». Ce dernier, évoquant « trois années de réflexion, d’échanges et de travail », recourt au même lexique d’un « projet ambitieux, co-construit avec le collectif des habitants ».

Cette convergence sémantique autour des termes « co-construction » et « projet ambitieux » relève moins du hasard que d’une stratégie de communication orchestrée. Quand le maire parle de « co-construction », ne faudrait-il pas entendre « appropriation du travail d’autrui » ? Et lorsqu’il conclut magnanime que « c’est aux habitants maintenant de le faire vivre », ne s’agit-il pas d’un désengagement préventif devant d’éventuelles difficultés futures ?


Inauguration marché des comestibles à la Boissière : la grande parade des élus
Ce projet est né de notre démarcher de démocratie impliquante, après un long travail de co-construction de projet.

Pendant ce temps, Jean-Paul Lefebvre replace l’église au milieu du village

Dans ce concert d’autosatisfaction, un silence éloquent plane sur la future halle promise pour le marché aux comestibles, place des Découvertes, projet annoncé en grande pompe en 2023 et dont la réalisation était promise pour 2025. Cette structure, qui devait constituer l’écrin architectural pérenne des étals noiséens, semble avoir disparu des discours comme des perspectives municipales.

Cette évanescence programmatique soulève une interrogation légitime, formulée avec pertinence par Jean-Paul Lefebvre : « Et sinon, où en est le projet de halle pour le marché aux comestibles présenté en 2023 et qui devait être réalisé en 2025 ? » Question qui, étrangement, reste sans réponse des édiles si prompts habituellement à communiquer.

Et sinon ? où en est le projet de halle pour le marché aux comestibles présenté en 2023 et qui devait être réalisé en 2025 ? Et sinon ? où en est le projet de halle pour le marché aux comestibles présenté en 2023 et qui devait être réalisé en 2025 ?

Pour une gouvernance locale empreinte d’humilité

Il serait injuste de ne pas reconnaître l’implication personnelle de notre Maire dans l’inauguration dominicale, honorée de sa présence et de celle d’élus de sa majorité. La concrétisation de ce marché, quelle que soit sa généalogie véritable, mérite d’être saluée comme une amélioration tangible du service rendu aux habitants du quartier de la Boissière.

Néanmoins, une gouvernance locale véritablement exemplaire gagnerait à s’inspirer de cette maxime attribuée à Confucius : « L’homme de bien cherche à être lent dans ses paroles et prompt dans ses actions. »

HorizonsNoisy-avril2025

La reconnaissance des initiatives antérieures, l’hommage rendu aux précurseurs d’un projet, fussent-ils politiquement adverses, et l’humilité face aux réalisations collectives constituent le triptyque vertueux d’une pratique politique respectueuse de la vérité historique et de l’intelligence des administrés.

En définitive, ce n’est pas tant la paternité d’un projet qui importe aux Noiséens que son adéquation à leurs besoins quotidiens. Et si ce marché dominical répond effectivement aux attentes des habitants, la plus belle victoire pour notre édile serait peut-être de laisser ces derniers s’en attribuer le mérite, plutôt que de hâter sa propre glorification numérique.

La municipalité noiséenne pourra-t-elle un jour abandonner cette comptabilité créative, tant financière que politique, qui donne l’illusion de richesses et de réalisations plus substantielles qu’elles ne le sont en réalité ? L’exercice du pouvoir local mérite mieux que ce perpétuel trompe-l’œil.

En ce samedi matin, 7h43, Olivier Sarrabeyrouse sirrote son café et se dit qu’à l’heure qu’il est, les comemrcants ont déjà du s’installer au marché sur la place des Decouvertes. Il s’est aussi dit que Demain, allait se tenir le tout premier marché aux commestibles à la Boissière, en face du Cimetière. iL prit son téléphone et se connecta sur une icone bleu avec la lette F en blanc puis publia:
Vous êtes invité.e.s demain, ce dimanche 6 avril à venir inaugurer notre premier marché de quartier de la Boissière.
Avec sa douzaine de commerces de bouche diversifiés de qualité, son espace de convivialité et tout autant de commerces matériel, nous vous offrons une nouvelle possibilité d’un marché le dimanche.
Ce projet est né de notre démarche de démocratie impliquante puisqu’il ne figurait pas sur notre programme mais est né d’une proposition des habitant·e·s du conseil de quartier Boissière il y a 2 ans.
Après un long travail de co-construction de projet, ce marché répondra, nous l’espérons, aux besoins des noiseen.ne.s.
Merci aux habitant·e·s, aux élu-e-s , aux agent.e.s du service public et a notre délégataire la SEMACO, qui se sont démenés pour que ce projet aboutisse .
Il y aura bien sûr des imperfections que nous corrigerons pour l’améliorer avec vous au fur et à mesure.
Et il y aura aussi bien sûr…les éternel.le.s râleuses er râleurs des réseaux sociaux… »Omar Traoré commente : « Moi je suis un éternel râleur et je l’ espère jusqu’à mon dernier souffle 😉 et heureusement je râle contre certains de ton équipe,bon je m arrête sinon ma langue va être sale 😉
Ne fait pas comme le fb de la ville retirer mes commentaires.
comme je serais pas là demain Envoi moi des photos
Écouter un mécano parler de chirurgie 😂
PS :je râle pas pour rien et tu devrais plutôt râle contre ton chef de file rousel raciste jusqu’à l’ os oublie pas le silence cautionne’Oumar Traore
Faux mon cher maire le projet date 2017 et non conseil de quartier
Par contre tu as fais le nécessaire pour accélérer les chosesDans l’après midi, Olivier Sarrabeyrouse publia quelques images de l’innauguration de ce jour auquel il a participé en la présence de Zakaria, et Samia Fettal. Jean-Paul Lefebvre était bien sûr présent, en présence de Thomas Francesquinie. en commentant : « Le nouveau marché aux comestibles de la Boissière de ce dimanche fût un succès pour le plaisir des habitant·e·s du quartier et d’ailleurs.
A chacune et chacun de le faire vivre chaque dimanche et de contribuer à sa pérennité et son amélioration. »Et sinon, où en est le projet de halle pour le marché aux comestibles présenté en 2023 et qui devait être réalisé en 2025 ?