Le numéro de juin 2025 du magazine « Objectif Grand Paris » restera gravé dans les mémoires comme un cas d’école de dérive éditoriale. Cette publication, normalement consacrée à l’urbanisme et à l’aménagement du Grand Paris, a surpris ses lecteurs en publiant un dossier spécial sur Noisy-le-Sec, agrémenté d’un sondage IFOP créditant le maire sortant de 54% d’intentions de vote. Au-delà des chiffres bruts, c’est le traitement journalistique de ce dossier qui suscite l’indignation. C’est surtout le traitement journalistique qui interpelle. Trop beau pour être vrai ! Un article aux allures de tract électoral.
L’analyse minutieuse du contenu révèle une accumulation de signaux d’alerte. Le vocabulaire employé – « réussit son ancrage local », « un maire tout en humilité« , « les Noiséens retrouvent le sourire » – relève manifestement du registre de la communication politique plutôt que du journalisme d’investigation.
Plus troublant encore, l’article ne donne la parole à aucune voix discordante, ne formule aucune critique, n’offre aucun point de vue contradictoire. Dans une ville de 47 000 habitants, est-il crédible qu’aucun habitant n’ait de grief à exprimer ? Que l’opposition municipale n’ait rien à dire ? Rien à déclarer ? Cette unanimité artificielle trahit un parti pris éditorial évident.
Car dans le cas contraire, il aurait précisé que si Olivier Sarrabeyrouse a été élu c’est uniquement à la suite d’un certain nombre de coincidences facheuses liées à l’épidémie du COVID et surtout un manque de participation très faible pour l’élection qui a eu lieu au mois de juillet 2020 !
Le portrait hagiographique d’un maire-candidat
Le traitement réservé à Olivier Sarrabeyrouse dépasse l’entendement journalistique. L’article dresse un portrait dithyrambique, émaillé d’anecdotes personnelles (« arrivé à 15 jours à Noisy« ), de formules héroïques (« il ne renonce pas. Jamais !« ) et de témoignages exclusivement laudatifs et élogieux. Pour une question de repositionnement politique, son expérience de Directeur d’école n’est même pas évoqué, seule son expérience « comme instituteur », elle, est mise en avant !
Cette présentation s’apparente à ce que les professionnels appellent un « publireportage » – ces contenus publicitaires déguisés en articles. Sauf qu’ici, le produit vendu n’est pas une marchandise mais un homme politique en précampagne électorale.
La mobilisation suspecte des moyens municipaux
L’exploitation orchestrée de cette publication par la municipalité soulève des interrogations encore plus préoccupantes. Nos sources révèlent que le service communication de la ville a été mobilisé pour produire des visuels dérivés de l’article pur le mettre en valeur.
Des montages sophistiqués ont été réalisés pour diffuser l’intégralité du contenu sur la page Facebook officielle de la commune. Le document PDF complet trône désormais sur le site municipal et tous les citoyens peuvent lire l’intégralité du dossier en cliquant sur le lien ci dessous : https://www.noisylesec.fr/app/uploads/2025/06/Objectif-Grand-Paris-Noisy-le-Sec.pdf
Cette mobilisation de ressources humaines et matérielles publiques pour promouvoir un contenu à caractère manifestement électoral pourrait constituer un détournement de fonds publics – délit sévèrement sanctionné par le Code électoral.
Un sondage aux 30 000 euros de questions
Le coût estimé d’une telle étude IFOP – entre 22 000 et 30 000 euros pour 802 personnes interrogées par téléphone – pose LA question cruciale : qui a payé ? Le magazine ? La municipalité? Un tiers ? Le parti communiste Français ? Une assocation ? Un mystérieux mécène ? L’opacité totale entourant le financement de cette opération nourrit légitimement tous les soupçons.L’absence de transparence sur ce point va t elle constituer la faute de trop ?
Face à cette accumulation d’anomalies, J’ai franchi une première étape décisive : celle d’adresser une lettre recommandée à Samuel Bendeks, Président fondateur, rédacteur en chef, directeur de la publication et de Christine Murris, sa rédactrice en chef adjointe , exigeant des clarifications et des éclaircissements sur les conditions de réalisation et de financement de cette opération douteuse et sur le caractère « publireportage » ou non de ce dossier. Nous publierons les élements de réponse qui nous seront transmis.
Cette démarche n’est qu’un premier avertissement. Si les réponses s’avèrent insatisfaisantes ou si le silence perdure, des recours judiciaires sont d’ores et déjà envisagés : saisine du procureur de la République pour détournement de fonds publics, plainte devant la Chambre régionale des comptes, signalement au préfet pour contrôle de légalité…
Au terme de cette analyse factuelle et circonstanciée, une question s’impose avec la force de l’évidence : à qui profite cette opération de manipulation de l’opinion publique ?
La réponse transparaît avec une clarté aveuglante à travers chaque ligne de ce prétendu article journalistique. Le bénéficiaire exclusif de cette manœuvre n’est autre que Monsieur Olivier Sarrabeyrouse, maire sortant manifestement saisi d’une panique électorale à dix mois de l’échéance municipale.
Les mobiles de cette entreprise de désinformation apparaissent avec une netteté confondante :
Premièrement, l’absence criante de bilan tangible. Après cinq années de mandat, aucun projet structurant d’envergure ne peut être porté au crédit de cette municipalité. Les promesses électorales de 2020 se sont évaporées dans les méandres d’une gestion au fil de l’eau, laissant les Noiséens face à un vide programmatique abyssal.
Deuxièmement, la désillusion palpable de l’électorat. Les citoyens qui avaient accordé leur confiance à cette équipe municipale mesurent aujourd’hui l’ampleur du fossé entre les engagements pris et les réalisations effectives. La participation citoyenne, érigée en étendard du mandat, s’est révélée n’être qu’un artifice de communication, un simulacre démocratique vidé de toute substance.
Troisièmement, et c’est là que la manœuvre révèle toute sa perversité stratégique, des informations concordantes font état de velléités d’autonomie au sein même de la coalition municipale. Des formations politiques, échaudées par ce bilan famélique, envisageraient de faire cavalier seul au premier tour.
C’est précisément là que ce sondage fabriqué révèle sa fonction véritable : un message d’intimidation à peine voilé. En proclamant urbi et orbi que le maire sortant caracole à 54% des intentions de vote, en le présentant comme « le grand favori » promis à une victoire dès le premier tour, cette publication poursuit un objectif transparent : dissuader toute dissidence, étouffer toute velléité d’indépendance, ressouder par la peur une coalition en déliquescence.
La conclusion s’impose d’elle-même : Olivier Sarrabeyrouse est candidat aux élections municipales de mars 2026 et il veut faire croire qu’il sera élu dés le premier tour , le dimanche 15 mars 2026. Nous sommes surtout face à une opération de communication désespérée, financée vraisemblablement sur fonds publics, visant à masquer un bilan indigent et à préserver artificiellement une unité de façade menacée d’implosion.
Cette instrumentalisation éhontée de la presse et des deniers publics à des fins de survie politique personnelle constitue, nous en avons la conviction, une atteinte caractérisée aux principes fondamentaux de la démocratie locale et mérite la sanction la plus ferme des autorités compétentes. 93sang30 y veillera. Manquerait plus maintenant que le Maire distribue, à la fin du mois de juin, dans nos 20 000 boites aux lettres, un document électoral sous forme de bilan de mandat, là, ce serait le pompom !
A suivre !
Cette enquête citoyenne vise à garantir la transparence démocratique et le bon usage de l’argent public. Toute information peut être transmise à travers FaceBook en message privé.
Mise à jour du 15 juin 2025 – 14:10
Les premiers élements de l’enquête fournis en grande partie par des Noiséens et Noiséennes soucieuses de la bonne gestion de nos deniers publics amènent tous à Jarod (pour ceux qui ont la référence : en lien avec la série LE CAMALEON)
L’agence JAROD : un acteur discret aux multiples interventions
L’affaire du sondage IFOP soulève également des questions sur le rôle de l’agence JAROD, co-dirigée par Renaud Boissac (Directeur Général depuis le 27 avril 2019), dont les liens avec la municipalité de Noisy-le-Sec sont désormais documentés.
Cette agence de conseil en communication, qui opère sous la raison sociale « ELM Stratégie » et revendique plus de 90 structures accompagnées pour un chiffre d’affaires de 901 500 € en 2024, (avec un résultat net de 76 000 €) a été mandatée par la ville pour plusieurs missions stratégiques : l’élaboration du bilan de mi-mandat, la refonte des conseils de quartier, et la concertation sur l’avenir de l’ancien conservatoire municipal.
L’enquête révèle que JAROD entretient des relations contractuelles avec plusieurs municipalités de Seine-Saint-Denis (Vitry-sur-Seine, Bobigny, Colombes), département historiquement marqué par l’influence communiste. Plus troublant encore, Renaud Boissac assume officiellement le rôle de responsable de la rubrique « Droit » de « La Revue du projet », publication théorique du Parti Communiste Français. Renaud Boissac est responsable de la rubrique « Droit » de « La Revue du projet », publication officielle du PCF. . « La Revue du projet » constitue la revue mensuelle politique de réflexion du PCF, active de 2010 à 2017 avec 68 numéros publiés. Fondée par Patrice Bessac (devenu maire de Montreuil-sous-Bois en 2014), elle accompagnait le « Comité du projet » du PCF pour la réflexion politique à long terme. Cette collaboration éditoriale régulière s’inscrit aux côtés de Caroline Bardot, membre du Comité exécutif national du PCF et rédactrice en chef adjointe de la revue Tous ces élements établissant un lien institutionnel direct entre l’agence commerciale et l’appareil politique communiste.
L’agence emploie une dizaine de collaborateurs et revendique avoir accompagné plus de 90 structures depuis sa création, spécialisée en communication institutionnelle, affaires publiques et ingénierie territoriale.
Le 13 juin 2025, soit au lendemain de la publication du sondage controversé, Renaud Boissac publie sur LinkedIn un article élogieux sur les « succès » de deux municipalités communistes : Noisy-le-Sec et Nanterre. Cette publication, qui met en avant les stratégies qu’il dirige pour ses clients, intervient dans un timing particulièrement questionnable. L’article présente les résultats des sondages IFOP comme une validation des politiques menées, sans mentionner ses liens contractuels directs avec l’une des communes concernées. Comme si, le conflit d’intérêt était une notion floue que le législateur n’a pas fixé dans les textes de loi. Argument d’autant plus surprenant de la part d’une agence spécialisée en communication institutionnelle, secteur où la transparence des liens contractuels constitue un prérequis déontologique.
Les contrats semblent relever de la négociation directe si c’est la munipalité qui est commanditaire, restant probablement sous les seuils de formalisation de 40 000 € HT imposant une publicité au BOAMP. Les montants précis n’apparaissent pas dans les documents publics accessibles, suggérant des prestations inférieures aux seuils de publicité obligatoire (90 000 € HT). Bien sûr, si les contrats ont été passés directement via le parti communiste français, il sera impossible de savoir… pour le moment !
Cette proximité soulève des interrogations légitimes sur l’indépendance et l’objectivité de ces publications. Le fait que JAROD ait déjà commandité un sondage IFOP en juin 2021 sur la confiance envers les élus locaux démontre sa capacité à orienter les narratifs politiques par le biais d’études d’opinion. L’agence JAROD – dont le nom fait référence à la série « Le Caméléon » – cumule ainsi les rôles de conseiller stratégique municipal, promoteur public des « réussites » communistes et commanditaire potentiel d’enquêtes d’opinion, configurant un possible conflit d’intérêts systémique. Dans ce contexte, l’hypothèse selon laquelle cette même agence pourrait être le commanditaire occulte du sondage IFOP controversé et de sa publication sous forme de publireportage dans « Objectif Grand Paris » mérite d’être examinée par les autorités compétentes.