Nonobstant quelques applaudissements polis émanant des fidèles du cercle communiste local, force est de constater que le tribunal populaire des commentaires a rendu son verdict avec une sévérité qui ne souffre aucun appel.
Face à ce spectacle municipal qui confine à l’indigence, il convenait d’élever le débat. C’est ainsi qu’est née « J’habite à Noisy » – une composition satirique qui, tel un réquisitoire mélodieux, dresse l’inventaire des plaisirs quotidiens offerts aux administrés noiséens avec humour et dérision. Cette modeste contribution au débat civique se veut le miroir, à peine déformant, d’une gouvernance municipale dont les actes semblent parfois s’affranchir de la pesanteur du réel.
En ce 1er avril 2025, alors que le monde vacille sous le poids de crises internationales et que la France s’enlise dans une morosité économique persistante, le premier magistrat de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, a décidé d’apporter sa solution révolutionnaire aux maux contemporains : la danse en mairie.
Après tout, si l’art chorégraphique figure parmi ses compétences insoupçonnées, pourquoi ne pas en faire étalage avec ostentation ? Autant exhiber cette virtuosité secrète, puisque manifestement, la gestion municipale n’épuise pas l’ensemble de ses talents.
Dans une annonce qui restera gravée dans les annales de l’administration française, notre maire a solennellement déclaré : « À partir de ce mardi 1er avril 2025, l’accès à la Mairie de Noisy-le-Sec se fait désormais en chantant et en dansant. » Une mesure qui, selon lui, « vise à réconcilier les habitant.e.s avec leur service public communal, dans un contexte national et international parfois maussade.«
La vidéo de cette annonce, où l’on peut voir le premier édile esquisser quelques pas de danse incertains, a provoqué un raz-de-marée sur les réseaux sociaux locaux, à commencer un groupe de jeunes noisééns : Saccage Noisy-le-Sec. Les réactions n’ont pas tardé à fuser, démontrant que si la politique noiséenne peine à créer le consensus, l’art de la critique reste florissant dans notre belle cité.
« Qu’est-ce qui nous donnerait envie de danser dans cette ville? » s’interroge légitimement Nadia, à quoi Muriel répond avec un réalisme implacable : « Rien, notre ville donne plus envie de pleurer. » Un échange qui résume à lui seul l’état d’esprit de nombreux Noiséens face à cette initiative chorégraphique municipale.
Jean-Paul Lefebvre, conseiller municipal d’opposition et homme connu pour son sens de la formule, a préféré citer Montesquieu : « La gravité est le bonheur des imbéciles », tout en ajoutant que « dans une démocratie sérieuse, les élus devraient consacrer leur énergie à résoudre les problèmes concrets des citoyens plutôt qu’à les divertir. »
Greg, citoyen visiblement doté d’un sens politique affûté, propose quant à lui une reconversion professionnelle au maire : « Aux prochaines élections municipales, il pourra quitter la mairie en chantant et en dansant et commencer sa nouvelle carrière de créateur de contenu. »
Lahoucin El Batah, Conseiller Municipal, avec une sobriété qui contraste avec l’exubérance municipale, déclare simplement : « C’est triste pour notre ville qui mérite mieux. » Une phrase qui en dit long sur les attentes déçues d’une population en quête de leadership.
Face à cette avalanche de critiques, une voix dissonante, celle de Nili, confesse être « pliée de rire ». Preuve que l’humour municipal touche au moins une personne dans la ville, ce qui constitue déjà un début de succès statistique.
Jean-Pierre, quant à lui, pose la question cruciale que tous les Noiséens se posent : « On doit chanter l’Internationale ??? » – interrogation qui met le doigt sur les tensions idéologiques sous-jacentes à cette injonction festive.
Entre le montage satirique de Fabrice B. (qui m’a d’ailleurs fait beaucoup rire) et les commentaires acerbes des habitants, cette initiative du 1er avril risque bien de rester dans les mémoires comme le moment où la politique noiséenne a définitivement basculé dans le registre du divertissement.
Rappelons toutefois qu’il est facile de critiquer, et que la gestion d’une commune comme Noisy-le-Sec représente un défi quotidien. Peut-être faudrait-il élever le débat au-delà des polémiques sur les pas de danse du maire. Cependant, comme le disait Victor Hugo, « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface. » En l’occurrence, cette tentative d’humour municipal nous interroge sur le fond : quelle vision sérieuse pour l’avenir de notre ville se cache derrière ces entrechats administratifs ?
En attendant, les Noiséens pourront toujours faire comme le suggère Jennifer : « Mais qui a envie de danser à Noisy ? La ville ne ressemble plus à rien. » Une invitation à la réflexion qui, elle, ne relève pas du poisson d’avril.
Olivier Sarrabeyrouse, Maire de Noisy le sec, chante et danse dans les resaux sociaux dans le cadre de son mandat de Maiire de la ville de Noisy le Sec
S’il faut s’adonner au lyrisme municipal, faisons-le avec panache. Voici donc un réquisitoire mélodique « 100% 93sang30 » qui dépeint sans fard notre cité : « J’habite à Noisy », pamphlet musical décortiquant avec une verve caustique la chronique quotidienne de l’absurde noiséen.
Cette œuvre ne s’embarrasse pas de circonlocutions pour évoquer ces chantiers qui défient la notion même de finitude, ce racket institutionnalisé baptisé « stationnement payant », cette hémorragie fiscale perpétuelle et ce tramway fantôme, devenu légende urbaine à force d’être promis sans jamais apparaître.
Nul doute que ces vérités cinglantes résonneront dans l’âme de nos concitoyens avec infiniment plus de force qu’une fadaise administrative glorifiant les horaires d’ouverture de notre mairie, temple bureaucratique où la danse est désormais de rigueur à défaut d’y trouver efficacité et vision.
Pour conclure avec la gravité que le sujet impose, rappelons que l’article 34.1 du règlement intérieur du conseil municipal énonce avec une clarté cristalline que les élus s’engagent solennellement à exercer leur mandat « avec impartialité, diligence, dignité, probité et intégrité ».
Face à de tels manquements, la question n’est plus de savoir si certains édiles méconnaissent ces principes fondamentaux, mais plutôt s’ils ont jamais pris la peine d’en consulter la définition dans un dictionnaire, avant de troquer l’honneur de leur fonction contre quelques likes éphémères sur les réseaux sociaux.

J'habite à Noisy
Production 93sang30
« Noi! ~ eh! »
« Noisy-le-sec!~ Yeah! »
Y’en a qui disent que les Noiséens
Vivent d’espoir et d’travaux frais
Et que toutes les places d’la ville
Coûtent plus qu’un séjour à Paris
Y’en a qui pensent que la bière
Coule à flots devant le conservatoire
Et qu’entre deux hausses d’impôts,
On sourit comme si d’rien n’était
À les entendre, on croirait bien que tout tourne rond,
Rien n’est carré dans cette ville dirigée par des poltrons
Mais voilà, j’habite à Noisy
Et Noisy, c’est pas du tout c’qu’on dit
Si les Noiséens se plaignent parfois
C’est pas d’une distribution d’bière gratuite
C’est à Noisy qu’il y a des travaux sans fin
Mais Noisy c’est aussi une ville
Où y a quand même pas 47 000 abrutis
Y’en a qui disent que le tramway viendra avec sa belle pelouse verte
Mais les travaux sont sans fin, et le chantier nous met à cran
C’est à Noisy qu’on paie pour s’garer, même à Bobigny
Alors qu’à Bobigny c’est gratuit, quelle ironie
Y’en a qui disent qu’ils nous aiment bien
Mais qu’on est jamais satisfaits
Que c’est pas vrai qu’ça nous plaît
De vivre dans une ville d’béton
Y’en a qui disent qu’pour s’loger, fallait pas rater la braderie
Noisy Habitat soldé à prix d’ami, mais pas pour les Noiséens, quelle mauvaise foi
À les entendre on croirait bien qu’à Noisy y a pas d’problèmes
Mais voilà j’habite à Noisy
Et Noisy c’est pas du tout c’qu’on dit
Si les Noiséens se plaignent parfois
C’est pas sans raison, tu vois
C’est à Noisy qu’on paie pour s’garer
Mais Noisy c’est aussi une ville
Où y a quand même pas 47 000 abrutis
Y’en a qui disent et c’est certain que les Noiséens se défendent bien
Les habitants sont là pour le dire, la mairie les fait souffrir
À les entendre on croirait bien qu’y a qu’le maire qui fait ça bien
C’est pourquoi j’habite à Noisy
Et Noisy c’est moins bien qu’c’qu’on dit
Si on rêve de déménager d’ici, c’est qu’il y a de quoi
C’est pourquoi j’habite à Noisy
Et Noisy c’est moins bien qu’c’qu’on dit
Si on cherche une vision pour la ville, cherche pas, y en a pas
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