[Partie 2] le Square Truffaut : l’échec cuisant d’une promesse écolo

Square Truffaut : Tout ça pour ça ! L’échec cuisant d’une promesse écolo Ou comment transformer un rêve bucolique en banc public à 2 millions d’euros. Souvenez-vous, chers Noiséens. Il y a quelques mois, nous tirions la sonnette d’alarme dans notre article « Le square Truffaut : jardin d’éveil ou parc chimique ? ». Plusieurs élus de l’opposition avait questionné le préfet. La tribune du mois d’avril de Souad Tarki était même dédié à la situation de ce square. Tous, nous dénoncions alors les dangers cachés sous les promesses verdoyantes du maire. Plusieurs élus de l’opposition et notamment le groupe 100% Noisy avait alerté le préfet. Aujourd’hui, la lettre du préfet de Seine-Saint-Denis datée du 26 juin 2025 vient confirmer nos pires craintes. Pire encore : elle révèle l’ampleur du fiasco.

Le préfet confirme : des sols de « qualité médiocre »

Noir sur blanc, le préfet Julien Charles l’écrit sans détour : après examen par l’Agence Régionale de Santé (ARS), les analyses révèlent une « qualité des sols médiocre ». Traduisons pour ceux qui auraient encore des doutes : le square Truffaut repose sur un cocktail toxique de métaux lourds et d’hydrocarbures.

Et la sentence tombe, implacable : « la ville a abandonné son projet de jardin pédagogique ». Exit les tomates qui rient au soleil ! Adieu les carottes qui swinguent ! Envolé le potager bio où nos bambins devaient apprendre les joies du jardinage !

La grande reculade : de l’Eden promis au désert de mobilier urbain

Face à la réalité toxique du terrain, que fait notre édile ? Il capitule. Il abdique. Il renie toutes ses promesses électorales. Le préfet nous apprend que la ville a fait « recouvrir les terres de la partie centrale par un apport de terre saine ».

Comprenez bien la manœuvre : on a mis un pansement sur une plaie béante. On a jeté de la terre propre sur de la terre empoisonnée, comme on cache la poussière sous le tapis. Et par-dessus ce maquillage géologique, qu’a-t-on installé ? Des « mobiliers et plantations adaptées » – traduisez : deux malheureux bancs publics et quelques arbustes résistants au plomb.

L’inventaire du renoncement : ce qui ne sera JAMAIS

Le préfet est catégorique : « aucune activité nécessitant de manipuler les terres » n’a été retenue. Dressons donc la liste de ce qui ne verra jamais le jour dans ce square Potemkine :

  • Pas de jardin potager – les enfants n’apprendront pas d’où viennent les légumes
  • Pas d’aire de jeux – trop dangereux de creuser pour installer des structures
  • Pas de bac à sable – imaginez nos chérubins jouant dans du sable contaminé !
  • Pas de jardin sensoriel – sentir quoi ? L’odeur du plomb et du zinc ?
  • Pas d’activités pédagogiques – la seule leçon, c’est celle du mensonge politique

le square Truffaut : tout ca pour ca ! La réponse du Préfet

Un square fantôme pour un bilan fantôme

Alors que reste-t-il de ce projet pharaonique vendu comme le joyau écologique de Noisy-le-Sec ? Un espace de « circulation, relaxation ou échanges », nous dit pudiquement le préfet. En clair : un passage avec deux bancs où l’on peut s’asseoir en retenant sa respiration.

Tout ça pour ça ! Des années de communication, des visuels léchés, des promesses mirobolantes, un coût de rénovation de plus de 220 000 € et un l’aménagement confié à une entreprise capitaliste, un budget communication explosé (300 000€ +105% cette année !), pour aboutir à… un square où l’on ne peut rien faire sauf passer et s’asseoir brièvement sur l’un des deux bancs publics disponibles dans ce square.

Plus de 220 000€ pour transformer un terrain pollué en… terrain pollué recouvert ! Bravo, c’est de l’art ! Une entreprise capitaliste enrichie, un projet pédagogique enterré, et un square qui sert de… square décoratif.
220 000€ pour que les enfants ne puissent pas jardiner, ne doivent pas manipuler la terre, et ne peuvent que se promener sur de la terre rapportée.
C’est effectivement du « sérieux » : 220 000€ pour faire l’inverse de ce qui était promis !

Le syndrome du roi Midas inversé

Monsieur le Maire possède un talent rare : celui de transformer l’or des promesses en plomb des réalisations. Tout ce qu’il touche se flétrit, se réduit, s’étiole. Le square Truffaut rejoint ainsi le panthéon de ses échecs :

  • La liquidation de Noisy Habitat ? Check.
  • Le fiasco du SIPLAC ? Check.
  • Le square Truffaut inutilisable ? Check.

C’est un sans-faute dans l’art de la déception municipale.

Le préfet conclut : « pas d’effet sanitaire attendu »

Certes, le préfet nous rassure : il n’y a pas d’effet sanitaire attendu. Mais à quel prix ? Au prix du renoncement total à l’ambition initiale. On évite l’empoisonnement en évitant tout usage du square. C’est comme dire qu’une piscine vide ne présente aucun risque de noyade.

Épilogue : la métaphore parfaite d’un mandat

Le square Truffaut est finalement la métaphore parfaite de ce mandat : de grandes annonces, des effets de manche, une débauche de communication… pour accoucher d’un espace vide de sens et d’usage. Un non-lieu municipal. Un monument à la vacuité politique.

Les Noiséens méritaient un jardin. Ils héritent d’un cimetière des promesses non tenues, recouvert à la va-vite de terre importée et orné de deux bancs publics.

Tout ça pour ça, vraiment.

La shuma, العار, comme on dit si bien. La honte d’avoir cru. La honte d’avoir espéré. La honte d’avoir voté pour des mirages.

Monsieur le Maire, votre square Truffaut restera dans les annales. Non pas comme le poumon vert promis, mais comme le symbole de votre impuissance à transformer les rêves en réalité. Un square qui ne sert à rien, pour un mandat qui n’aura servi à rien. Vive le service public !

Les carottes sont cuites. Et elles sont bleues de rage.