Le préfet confirme : des sols de « qualité médiocre »
Noir sur blanc, le préfet Julien Charles l’écrit sans détour : après examen par l’Agence Régionale de Santé (ARS), les analyses révèlent une « qualité des sols médiocre ». Traduisons pour ceux qui auraient encore des doutes : le square Truffaut repose sur un cocktail toxique de métaux lourds et d’hydrocarbures.
Et la sentence tombe, implacable : « la ville a abandonné son projet de jardin pédagogique ». Exit les tomates qui rient au soleil ! Adieu les carottes qui swinguent ! Envolé le potager bio où nos bambins devaient apprendre les joies du jardinage !
La grande reculade : de l’Eden promis au désert de mobilier urbain
Face à la réalité toxique du terrain, que fait notre édile ? Il capitule. Il abdique. Il renie toutes ses promesses électorales. Le préfet nous apprend que la ville a fait « recouvrir les terres de la partie centrale par un apport de terre saine ».
Comprenez bien la manœuvre : on a mis un pansement sur une plaie béante. On a jeté de la terre propre sur de la terre empoisonnée, comme on cache la poussière sous le tapis. Et par-dessus ce maquillage géologique, qu’a-t-on installé ? Des « mobiliers et plantations adaptées » – traduisez : deux malheureux bancs publics et quelques arbustes résistants au plomb.
L’inventaire du renoncement : ce qui ne sera JAMAIS
Le préfet est catégorique : « aucune activité nécessitant de manipuler les terres » n’a été retenue. Dressons donc la liste de ce qui ne verra jamais le jour dans ce square Potemkine :
- Pas de jardin potager – les enfants n’apprendront pas d’où viennent les légumes
- Pas d’aire de jeux – trop dangereux de creuser pour installer des structures
- Pas de bac à sable – imaginez nos chérubins jouant dans du sable contaminé !
- Pas de jardin sensoriel – sentir quoi ? L’odeur du plomb et du zinc ?
- Pas d’activités pédagogiques – la seule leçon, c’est celle du mensonge politique
Un square fantôme pour un bilan fantôme
Alors que reste-t-il de ce projet pharaonique vendu comme le joyau écologique de Noisy-le-Sec ? Un espace de « circulation, relaxation ou échanges », nous dit pudiquement le préfet. En clair : un passage avec deux bancs où l’on peut s’asseoir en retenant sa respiration.
Tout ça pour ça ! Des années de communication, des visuels léchés, des promesses mirobolantes, un coût de rénovation de plus de 220 000 € et un l’aménagement confié à une entreprise capitaliste, un budget communication explosé (300 000€ +105% cette année !), pour aboutir à… un square où l’on ne peut rien faire sauf passer et s’asseoir brièvement sur l’un des deux bancs publics disponibles dans ce square.
Le syndrome du roi Midas inversé
Monsieur le Maire possède un talent rare : celui de transformer l’or des promesses en plomb des réalisations. Tout ce qu’il touche se flétrit, se réduit, s’étiole. Le square Truffaut rejoint ainsi le panthéon de ses échecs :
- La liquidation de Noisy Habitat ? Check.
- Le fiasco du SIPLAC ? Check.
- Le square Truffaut inutilisable ? Check.
C’est un sans-faute dans l’art de la déception municipale.
Le préfet conclut : « pas d’effet sanitaire attendu »
Certes, le préfet nous rassure : il n’y a pas d’effet sanitaire attendu. Mais à quel prix ? Au prix du renoncement total à l’ambition initiale. On évite l’empoisonnement en évitant tout usage du square. C’est comme dire qu’une piscine vide ne présente aucun risque de noyade.
Épilogue : la métaphore parfaite d’un mandat
Le square Truffaut est finalement la métaphore parfaite de ce mandat : de grandes annonces, des effets de manche, une débauche de communication… pour accoucher d’un espace vide de sens et d’usage. Un non-lieu municipal. Un monument à la vacuité politique.
Les Noiséens méritaient un jardin. Ils héritent d’un cimetière des promesses non tenues, recouvert à la va-vite de terre importée et orné de deux bancs publics.
Tout ça pour ça, vraiment.
La shuma, العار, comme on dit si bien. La honte d’avoir cru. La honte d’avoir espéré. La honte d’avoir voté pour des mirages.
Monsieur le Maire, votre square Truffaut restera dans les annales. Non pas comme le poumon vert promis, mais comme le symbole de votre impuissance à transformer les rêves en réalité. Un square qui ne sert à rien, pour un mandat qui n’aura servi à rien. Vive le service public !
Les carottes sont cuites. Et elles sont bleues de rage.