Objectif : garantir l’égalité entre candidats et préserver la sincérité du scrutin en évitant que les moyens publics ne servent à promouvoir une candidature.À Noisy-le-Sec, cette obligation légale semble pourtant faire l’objet d’une interprétation pour le moins créative. Entre agents d’accueil transformés en militants assumés sur les réseaux sociaux et Maire brandissant la menace judiciaire face aux rappels de la loi, l’administration municipale offre un cas d’école… à ne pas suivre. Retour sur une séquence politique révélatrice des tensions préélectorales et des dérives d’un pouvoir local aux abois.
Lundi 15 septembre 2025 : une date à retenir dans les annales noiséennes
Il fallait oser. Transformer la salle des mariages de l’hôtel de ville en prétoire personnel pour annoncer des poursuites judiciaires contre un administré… Décidément, Monsieur le Maire de Noisy-le-Sec ne manque pas d’audace. Ou serait-ce plutôt un aveu de faiblesse déguisé en démonstration de force ?
Les faits : quand l’autorité municipale s’emballe
Lundi 15 septembre 2026 , lors de deux réunions organisées avec les agents municipaux en salle des Mariages, le premier magistrat noiséen, Olivier Sarrabeyrouse, a cru bon d’évoquer publiquement le cas d’un citoyen noiséen ayant osé l’interroger sur le respect du devoir de réserve par une agente d’accueil, par mail et au travers d’un post facebook. Crime de lèse-majesté ? Apparemment.
Rappelons les faits : le 27 août, un courrier parfaitement poli et juridiquement fondé était adressé au Maire concernant les prises de position publiques de Madame « Hanane Hanouna », agente d’accueil, qui s’était fendue sur Facebook d’un vibrant soutien à « cette équipe municipale » en souhaitant « un deuxième mandat » et affirmant « vous avez mon soutien total« .
Le droit, cette fâcheuse contrainte
Petit rappel pour nos édiles : l’article 25 de la loi du 13 juillet 1983 impose aux fonctionnaires territoriaux un devoir de réserve, particulièrement strict en période préélectorale. Ce principe n’est pas optionnel, contrairement à ce que semble croire l’administration noiséenne.
Or, nous voici en période sensible : les élections municipales sont programmées pour les 15 et 22 mars 2026. Dès le 1er septembre 2025, le devoir de réserve devient particulièrement exigeant. Une agente d’accueil – en contact direct avec les citoyens – ne peut décemment afficher son militantisme politique sans porter atteinte à la neutralité du service public.
Mais le plus savoureux ? Cette même agente zélée figure, témoignage et photo à l’appui, dans le journal municipal HORIZONS DE NOISY de septembre. Quelle heureuse coïncidence !
Quand la fonction publique confond droits et devoirs
Suite aux observations légitimes soulevées, Madame Hanouna avait cru bon de répondre : « Merci pour le conseil gratuit Mr Duarte c’est gentil de votre part… Je suis également citoyenne de la ville et ai donné mon avis tout simplement… J’en agace « certaines » et oui tant que ça ne va pas dans leur sens …quand à grimper les échelons je peux vous assurer que mon poste me suffit amplement… Sur ce bonne soirée à vous. »
Édifiant. Cette réponse illustre parfaitement la confusion qui règne dans cette administration municipale entre les droits du citoyen et les devoirs de l’agent public.
Oui, Madame, vous êtes citoyenne. Mais vous êtes aussi et surtout agent municipal en contact avec le public, soumise à des obligations déontologiques strictes.
La loi ne connaît pas cette distinction : quand on représente le service public à l’accueil d’une mairie, on ne « donne pas son avis tout simplement » sur les réseaux sociaux en matière politique.
C’est exactement ce que le législateur a voulu éviter en instaurant le devoir de réserve.
Gaza, diffamation et mémoire sélective : l’antécédent du 8 juillet
Mais revenons quelques semaines en arrière. Le 8 juillet 2025, lors d’une réunion publique sur Gaza, le Maire s’était déjà illustré par des propos que nous estimons constitutifs de diffamation. Suffisamment graves pour motiver le dépôt d’une plainte le 9 juillet 2025 au commissariat de police municipale.
Étonnante coïncidence : le Maire a annoncé qu’une plainte avait été déposée contre moi, soit exactement deux mois et six jours après avoir lui-même fait l’objet d’une procédure pour diffamation. Hasard du calendrier ou riposte judiciaire ?
L’art de noyer le poisson : la stratégie de l’intimidation
Face à ces rappels légitimes, quelle a été la réaction de l’autorité municipale ? Plutôt que de faire respecter la loi, le Maire préfère brandir la menace judiciaire. Classique. Quand on ne peut réfuter sur le fond, on intimide sur la forme.
Utiliser des réunions d’agents municipaux pour évoquer des « poursuites » contre un administré relève d’une conception pour le moins singulière de la fonction de maire. La salle des mariages transformée en tribunal d’exception, les agents municipaux pris à témoin… On frôle le grotesque institutionnel.
Mais surtout, cette annonce fracassante ne masque-t-elle pas une réalité plus prosaïque ? Un maire mis en cause pénalement qui tente de retourner la situation en se présentant comme la victime ? L’offensive judiciaire comme meilleure défense, en somme.
Protection fonctionnelle détournée : quand l’argent public finance la vendetta personnelle
Dans cette escalade juridico-politique, une autre dérive mérite d’être soulignée. Il semblerait qu’une délibération soit en préparation pour valider une protection fonctionnelle au bénéfice du Maire, protection qui semble détournée de sa fonction première.
Rappelons le principe : la protection fonctionnelle vise à couvrir les agents et élus lorsqu’ils font l’objet d’attaques en raison de leurs fonctions officielles. Elle ne doit en aucun cas servir à financer avec l’argent public des poursuites personnelles ou des vendettas électorales.
Or, utiliser ce mécanisme pour se constituer partie civile contre un administré qui se contente de rappeler la loi relève d’un détournement manifeste de cet outil juridique. Les contribuables noiséens apprécieront sans doute de financer les frais d’avocats d’un maire en campagne…
Cette dérive fera l’objet d’un référé devant le tribunal administratif de Montreuil pour contester cette utilisation abusive de fonds publics à des fins électoralistes. Car enfin, si un élu ne supporte pas qu’on lui rappelle ses obligations légales, qu’il assume personnellement les conséquences de sa susceptibilité !
Le syndrome du « sauveur » en campagne
Cette agitation révèle surtout une vérité que le Maire peine à assumer : la peur de l’alternance. Les agents me disent : « Le Maire a les pétoches pour sa réélection« . Car enfin, pourquoi tant d’émotion pour un simple rappel du droit ? Pourquoi cette mise en scène théâtrale devant les agents ?
La réponse est dans la question : quand on sent le vent tourner, quand « même les soutiens les plus fidèles reconnaissent que la situation que vivent les Noiséens est catastrophique« , on cherche des boucs émissaires. On préfère jouer la carte de la victimisation plutôt que celle du bilan.
Travaux sans fin, désorganisation, services en panne, habitants à bout de patience… Le tableau noiséen n’incite guère à l’optimisme électoral. Alors, autant créer de la polémique pour détourner l’attention.
L’ironie du sort : qui instrumentalise qui ?
Le comble ? Accuser d’instrumentalisation celui qui ne fait que rappeler la loi, quand on transforme ses propres agents en faire-valoir électoral et la salle des mariages en tribune politique.
La chronologie est éloquente : plainte déposée contre le Maire le 9 juillet pour diffamation, annonce de contre-attaque judiciaire le 15 septembre. Deux mois pour réfléchir à la riposte, c’est un délai qui interroge sur les véritables motivations de cette soudaine combativité juridique.
Ajoutons que le préfet pourrait également être saisi pour défaillance dans l’exercice de ses missions. Décidément, les contentieux s’accumulent autour de l’hôtel de ville noiséen.
Conclusion : quand la peur change de camp
Cette séquence révèle finalement l’essentiel : un maire aux abois, conscient que sa réélection n’est plus acquise. Car un édile serein ne transforme pas ses réunions d’agents en meetings de soutien, ne brandit pas la menace judiciaire face aux rappels légaux, et ne fait pas de la salle des mariages un prétoire personnel.
Plus révélateur encore : cette annonce de plainte, qui arrive comme une riposte différée à celle déposée contre lui en juillet, trahit une stratégie de communication de crise plutôt qu’une démarche juridique fondée.
La vérité, Monsieur le Maire ? Vous avez tout simplement… les pétoches.
Et c’est bien normal : gouverner dans le mépris du droit et de la transparence, multiplier les dérapages verbaux et les entorses à la neutralité du service public finit toujours par se payer. Les Noiséens ne sont pas dupes, et mars 2026 approche à grands pas.
En attendant, on suggère respectueusement à l’administration noiséenne de relire ses classiques juridiques. Le Code général des collectivités territoriales, ça existe. Et contrairement aux omelettes de Madame Hanouna, ça ne se casse pas !
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