Enfin… celle de son rez-de-chaussée uniquement. Après deux ans de « concertation citoyenne » coûteuse, des dizaines de réunions, des cabinets de conseil grassement rémunérés, voici le résultat : un rez-de-chaussée partiellement aménagé. Pas de toiture rénovée, étages abandonnés, sous-sol ignoré. Tout ça pour ça !
C’était un de ces samedis de novembre où l’automne, dans sa douceur inhabituelle, accordait une dernière grâce aux élus en mal de bilan. Le ciel restait gris mais bienveillant, retenant sa pluie comme on retient son souffle devant l’inévitable, tout en rappelant à chacun que certaines promesses, comme les feuilles mortes, finiront par tomber.
Ce matin-là, dans la commune urbaine de Noisy-le-Sec, on célébrait quelque chose. Ou plutôt, on faisait semblant de célébrer. Car voyez-vous, il existe des inaugurations qui marquent l’aboutissement d’un projet… et d’autres qui ne servent qu’à masquer six années d’abandon.
Acte I : Quand le temps devient l’ennemi
Samedi 15 novembre 2025. Le maire Sarrabeyrouse avait ressorti le grand jeu : coupure du ruban tricolore, petits fours, discours solennels, élus en rang d’oignons. L’ancien conservatoire, ce bâtiment qui avait connu tant de vies – désaffecté depuis 2017, squatté de 2021 à 2023 – recevait enfin son inauguration. Enfin… celle de son rez-de-chaussée uniquement.
Olivier Deleu, candidat déclaré pour 2026, ne s’y trompait pas : « Je sors à l’instant de l’inauguration de l’ancien conservatoire ou plus exactement du rez-de-chaussée de l’ancien conservatoire. » Pas de toiture rénovée, aucun aménagement dans les étages, un sous-sol abandonné. « Il fallait à trois mois des élections un bilan. Voilà le bilan. » Incroyable ! C’est incroyable.
Jean-Paul Lefebvre, mémoire vivante de l’opposition municipale, déroulait une chronologie implacable. Huit années pour aménager un simple rez-de-chaussée. Dans le monde de l’entreprise, un tel délai vaudrait licenciement.
Dans notre municipalité, cela valait inauguration en grande pompe. Le « Conserva-tous » – slogan pompeux de la municipalité – devenait un « conserva-tousse » : quelque chose qui reste en travers de la gorge des Noiséens.
Oui, le temps a cette étrange faculté de transformer les urgences en opportunités, surtout quand mars 2026 approche à grands pas.
Acte II : Les âmes nobles dans la tourmente politique
Au milieu de cette mascarade électoraliste, trois associations illuminaient pourtant ce lieu de leur authenticité. La Cabane, poumon culturel et solidaire du quartier, reprendrait ses activités le 29 novembre. En toutes lettres, une association créée en juin 2021, quelques mois après l’arrivée d’Olivier Sarrabeyrouse et de son équipe aux reponsabilités a pu faire entrer au conseil d’administration , le 30 mars 2024, Madame Michèle Berger. L’objet et l’insertion par le livre (pour résumer) et l’apprentissage du français est le coeur de leur sactivité si je me fie à leurs statuts. l’association est domiciliée à l’hôtel de ville. Enfin, Century Sport, une toute autre belle association d’e-sport née en 2022, incarnait ce que devrait être le véritable engagement associatif.
Son président, Jaouad Merimi, avait démontré un professionnalisme exemplaire : mobilisation de financements multiples – CAF, département, région, fondation – jusqu’à obtenir une audience ministérielle et obtenir le financement pour développer son projet pour les jeunes.
Quand les questions sur les subventions municipales furent soulevées publiquement sur un de mes posts facebook – 10 000 € cette année – en contraste avec son historisque récent; il était venu dialoguer, expliquer, clarifier. Sa posture de neutralité copréhensible, loin des rivalités municipales, l’honorait.
Même s’il est essentiel que les Noiséens sachent qui sont les deux ou trois associations qui se partagent le RCH de l’ancien conservatoire et que le Maire n’a, par ailleurs, jamais justifié son choix au Conseil Municipal, « Encore désolé si mes propos ont pu paraître injustes au vu de votre engagement associatif. Notre dialogue ouvert contraste positivement avec l’attitude méprisante du maire, à l’égard de ses adversaires politiques. », écrivis je au Président de l’association CENTURY SPORT. Avec bienveillance, il m’assurera qu’il n’avait rien à cacher et me proposa une visite des lieux tout en identifiant les acteurs de son association. Par son président de cette association apolitique, j’ai retenue une belle politique. Respect.
D’ailleurs, de son côté, Olivier Deleu le reconnaissait : « De belles associations« , seul point positif de cette inauguration précipitée. Mais il tranchait : « Le reste, c’est de la com. » Cette communication qui transforme l’inachevé en accomplissement, qui maquille le partiel en totalité.
Aucun réaménagement du square Lounès Matoub malgré une concertation lancée voila plus d’un an déjà ! Aucn projet concret à l’horizon.
Le délégué aux bâtiments publics, Jean-Luc Le Coroller, évoquait « un square en transformation ». Les habitants du conseil de quartier avaient pourtant massivement rejeté le projet de réaménagement, le 6 juin dernier. Plus aucune nouvelle de projet retoqué. Aucune consertation en vue avec les riverains et les conseils de quartier.
Leurs demandes – toilettes publiques, point d’eau, sécurisation nocturne face aux dealers – toutes ignorées. À la place ? Des « plantes aromatiques en libre-service » ont été proposées. L’hilarité amère des riverains résonnait encore :
La stratégie, c’est faire du « Conserva-tous » – slogan pompeux de la municipalité – un « conserva-tousse » : quelque chose qui reste en travers de la gorge des Noiséens.
Acte III : Quand les masques tombent
Il arrive parfois que la vérité surgisse là où on ne l’attend pas. Ce matin-là, elle prit la forme d’un incident entre deux élus de la majorité.
Jean-Luc Le Coroller recadrait publiquement et sèchement Zakaria Benhamra, selon les témoins. S’en était génant. Est-ce que Jean-Luc Le Coroller a atteint l’âge où, si quelqu’un veut se retirer de sa vie, il lui montre la sortie pour qu’il ne se perde pas en chemin ? Quoi qu’il en soit, immédiatement après les discours, Zakaria Benhamra a pris la kew.
Un craquement dans la façade. Un symptôme d’une majorité qui se fissure à l’approche du scrutin. Concernant la réfection de ce RCH, Jean-Paul Lefebvre résumait avec sa formule lapidaire : « C’est un progrès même si tout reste à faire pour valoriser réellement ce lieu et le mettre au service des Noiséens. » Traduction: « j’ai un projet bien plus ambitieux que cette municipalité qui se contente du minimum syndicale ».
Épilogue : Les leçons de novembre
Ainsi s’achevait cette matinée d’automne, où l’on célébrait un rez-de-chaussée comme on célèbrerait une victoire. Mais nous savons tous que certaines inaugurations ne sont que des aveux déguisés. L’aveu qu’on a trop attendu. L’aveu qu’on a mal géré. L’aveu que le temps nous a rattrapés.
Les associations continueront leur travail remarquable, malgré tout. Les opposants continueront à poser les bonnes questions. La majorité continuera à tousser sur son « Conserva-tous » indigeste.
Pas la précipitation, mais la préparation. Pas l’abandon, mais l’action. Pas l’instrumentalisation, mais la considération. Voilà ce que méritent les Noiséens.
Car voyez-vous, dans cette commune urbaine du Grand Paris, comme partout ailleurs, le chronomètre tourne et les élections approchent toujours plus vite qu’on ne le croit. Et parfois, six années ne suffisent pas pour aménager un simple rez-de-chaussée. Mais quatre mois suffisent amplement pour organiser une inauguration.
C’est là toute l’ironie de la politique municipale : on met six ans à faire peu, et quelques minutes à faire croire qu’on a fait beaucoup.